S’ouvrir au printemps, s’ouvrir à la vie, un geste d’amour

Photographie de primevères sortant d'un sol de sous-bois

 La joie du printemps qui arrive

Le printemps est une saison que j’apprécie particulièrement. J’ai l’impression de sortir d’une longue nuit, comme si j’avais hiberné, et avec l’arrivée du printemps, c’est comme si la vie reprenait. Il y a davantage de lumière, quand on se lève il fait jour, et le soleil ne se couche plus à 17h heures. À 19h heures le ciel est encore clair annonçant les longues soirées d’été. La vie reprend, depuis un moment déjà les oiseaux chantent tant et plus, et les premières fleurs commencent à sortir. Primevères, anémones sylvestres, scilles. Cette vie, on la sent dans la joie de pouvoir à nouveau être dehors ; il y a deux semaines, je suis allée me promener au bord du lac, et il y avait tellement de monde que je me suis demandée s’il y avait un événement particulier. Non. L’événement, c’était juste un des premiers jours de beau temps. Et puis, le printemps donne envie de faire plein de choses ; ceux qui ont des jardins ou des balcons sont prêts à nettoyer, bêcher, planter, semer. On a envie de faire de l’ordre, de secouer la poussière et les cendres de l’hiver, de tout remettre à neuf.

Être immobile pour mieux écouter la vie

Avec ce printemps qui arrive, il m’est un peu plus difficile de m’asseoir sur un coussin, tant je suis prise par une envie de bouger, de m’activer. Pourtant, c’est bien dans cette immobilité de la méditation que nous pouvons véritablement entrer en rapport à la vie. Cela peut paraître très paradoxal, parce que nous associons le mouvement à la vie, et l’absence de mouvement à la dépression, au manque de tonus, d’allant, et même à la mort. En réalité, il ne faut pas comprendre la méditation comme une absence d’action, mais comme une action d’un autre ordre.

D’abord, nous nous asseyons sur notre coussin ou sur notre chaise. On s’arrête de bouger et on s’immobilise pour se mettre à l’écoute.  Et c’est cette immobilité, ce silence, qui nous permet d’être entièrement disponibles pour nous mettre à l’écoute. Et de quoi se met-on à l’écoute ? De la vie. Pas de la nôtre en particulier, mais de la vie qui circule dans notre corps, que nous percevons avec notre corps, qu’il soit jeune ou vieux, malade ou en bonne santé. Nous nous  immobilisons pour mieux écouter la vie. Grâce à nos sens, nous sommes complètement en lien avec le monde qui nous entoure et avec la vie qui l’anime. Nous baignons dans un univers sonore qui nous parle de la vie en train de se vivre, que ce soit le chant des oiseaux ou les bruits de la circulation, ou les travaux qui commencent dans les rues avec les beaux jours, cela n’a aucune importance, c’est la vie qui se manifeste.  Avec nos yeux nous voyons la lumière, les formes, les couleurs, avec notre nez nous sentons peut-être une odeur dans la fraîcheur de l’air.

La vie est toujours là

La vie est toujours là, même quand ce n’est pas le printemps. Juste parce que nous ouvrons à ce qui est là, nous pouvons aussi aimer l’hiver. Se sentir vivant, comme au printemps, n’a finalement aucun rapport avec les saisons. On se sent vivant parce qu’on se met à l’écoute de la vie, et on se sent vivant quand, grâce à nos perceptions sensorielles, nous coïncidons avec le présent vivant, comme le nomme si justement Fabrice Midal. La vie prend la forme de l’hiver, ou de l’automne, ou de l’été et chaque saison a sa tonalité propre, avec son atmosphère, sa couleur, sa dynamique, et les sensations particulières qui les accompagnent. Ces sensations peuvent être agréables, comme la chaleur des premiers moments de soleil au printemps, ou pas du tout, comme une bise glaciale en hiver, mais la question n’est pas là. La vie n’est ni agréable, ni désagréable, elle est comme elle est, et méditer nous apprend à l’accueillir dans toute sa magnifique diversité.

Tant que nous avons un corps, nous pouvons nous ouvrir à la vie, aimer la vie. Nous sommes vivants jusqu’à la mort. En fin de vie, quand la mobilité se réduit progressivement, les sensations et les perceptions sensorielles s’affinent et deviennent le seul lien avec la vie. Alors une gorgée d’eau, une jonquille printanière sur la table de nuit, le pépiement d’une mésange dans l’arbre derrière la fenêtre sont les mots d’amour que la vie nous adresse.

 

Dominique Sauthier

Genève

 

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