Quelle méditation pour demain ?

D’où vient le succès de la méditation ?

La méditation connaît depuis quelques années un développement tout à fait inédit. Les livres, la presse, la radio, la télévision, tout le monde en parle. On médite dans les hôpitaux, dans les écoles, … même dans les prisons.

Cet engouement pour la pratique n’est pas un simple effet de mode, mais montre à quel point notre monde souffre. Partout la perspective de la rentabilité réduit souvent nos vies à de simples mécanismes pour être toujours plus productif ou efficace. De même, diverse formes de communications, de nouvelles technologies (qui par ailleurs peuvent rendre de grand services), d’annonces, de jeux, de programmes audiovisuels captent et morcellent notre attention à tel point qu’ils nous privent de la possibilité de nous relier au plus élémentaire sens de présence.

Si la méditation connaît un tel succès, c’est qu’elle est un des rares espaces où il est encore possible de nous relier à un sens d’être premier et de redevenir simplement mais pleinement humain.

L’École, un espace pour préserver l’esprit de la pratique de la méditation

Bien sûr, nous ne pouvons que nous réjouir que la méditation soit aujourd’hui aussi largement répandue. Et nous souhaitons qu’elle le soit encore davantage, car nous savons qu’elle serait pour tous une aide très précieuse. Mais nous devons également veiller à ce qu’elle ne soit pas détournée, restreinte, en étant utilisée comme un nouvel outil de gestion des émotions et des pensées.

Le danger est bien réel. Si on propose aux salariés d’une entreprise de pratiquer uniquement parce qu’il aura été montré que pratiquer la méditation permet d’être plus efficace au travail, et donc plus rentable, ce n’est plus la pratique de la méditation. Si on fait pratiquer les élèves d’une classe uniquement dans le but qu’ils soient mieux concentrés et obtiennent de meilleurs résultats, ce n’est plus la pratique de la méditation, c’est du conditionnement. Si on intègre la pratique à l’entraînement des militaires dans l’idée qu’ils puissent mieux garder leur sang froid et ainsi détruire plus, ce n’est plus la pratique de la méditation, c’est de la barbarie.

Si la méditation peut à l’évidence apaiser nombre des tourments soufferts par des milliers de gens de par le monde, elle n’est pas un « outil » de développement personnel, une nouvelle façon de « gérer » son stress ou ses émotions comme on doit tout gérer aujourd’hui pour être plus « productif et efficace ».

Elle est une façon profonde d’être plus en phase avec soi, les autres et notre monde, ce qui est complètement différent. L’importance de la méditation est de nous apprendre (ou de nous réapprendre) à avoir un rapport plus attentif et bienveillant à ce que nous vivons. Et c’est ainsi qu’elle peut nous apporter une aide précieuse.

Aucun enseignement ne ressemble à un autre — Questionner notre expérience de la méditation

Nous sommes une École, c’est-à-dire un lieu consacré avant tout à l’étude et à la recherche. Si nous voulons que la méditation reste une pratique vivante, non dogmatique, il est nécessaire de l’interroger.

Cette perspective anime la manière dont la pratique est enseignée à l’École. Aucun enseignement ne ressemble à un autre, car tout enseignement réinterroge chaque fois à neuf le sens véritable de la méditation. Les Intervenants comme les pratiquants sont incités à effectuer ce travail, c’est à dire à ne pas prendre les enseignements comme une vérité absolue, à questionner toujours davantage leur expérience de méditation.

Dans cette perspective, l’École encourage et soutient la formation de groupes d’études regroupant des personnes qui le souhaitent pour approfondir plus particulièrement certains aspects de la méditation et des enseignements.

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