Nous ne sommes pas condamnés à être enfermés dans notre esprit. La méditation nous offre la possibilité de fissurer cette armure mentale faite de commentaires et de jugements incessants sur nous-même. Cette fissure vient doucement nous réveiller, nous éclairer. Elle est la possibilité de sentir l’amour. Et qu’est-ce qui rend possible l’écoute de cette blessure, de cette vulnérabilité ?

C’est le silence.

Dans la méditation nous faisons silence, nous apprenons à faire silence, ce qui est devenu si rare aujourd’hui. « Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer au repos dans une chambre » (Blaise Pascal, « Divertissement » dans Pensées, B139).

Faire silence nous permet de laisser la vie parler en nous.

Nous nous familiarisons avec notre esprit, avec sa manière de faire, de nous mener par le bout du nez, de nous énerver, de nous faire croire que nous sommes séparés, que nous ne sommes pas aimés, que nous ne sommes pas aimables… Nous apprenons à ne plus être systématiquement dupes de ses petites combines. Nous commençons à « entamer la solidité des pensées » (Pema Chödron, La voie commence là où vous êtes, Gallimard, 2000).

Accueillir nos peurs

Puis ce silence dans lequel avec courage nous nous posons, nous apprend à accueillir sans jugement, sans agression, sans précipitation, ce qui arrive, ce qui est là. En s’exposant au silence, nous découvrons la part la plus intime de nous-mêmes. Nous commençons à sentir de la compassion pour ce qui est obscur en nous. Nous mettons au jour ce qui était tapi dans l’ombre, refoulé, fuit, nié… Par exemple ce que nous considérons comme un défaut inavouable, que nous cachons soigneusement aux autres de peur qu’ils ne nous trouvent monstrueux. Une faiblesse dont nous avons honte. Une peur qui nous semble insurmontable. Une propension à l’ennui qui nous angoisse… Nous faisons silence, et nous permettons que ces souffrances sortent de l’ombre et peut-être découvrons-nous alors qu’elles ne sont pas si effrayantes que cela.

Sentir son cœur

Nous faisons silence et nous écoutons notre fragilité, qui est la possibilité même de sentir notre cœur. Être touché, c’est pouvoir sentir son cœur. C’est ce que nous faisons dans les méditations de Bienveillance. Nous trouvons des moyens habiles pour retrouver le petit chemin vers notre cœur, pour retrouver l’amour que nous méritons. Et pour nous l’offrir, car nous en avons complètement et entièrement le droit.

 

S’offrir un moment de silence, c’est s’offrir un moment d’amour.

 

Marie-Laurence Cattoire

Paris

 

Extrait d’un enseignement donné à Bruxelles lors de la journée du 25 mars 2018, « Apprendre à s’aimer ? La méditation pour entrer en amitié avec soi »