Méditants de pierre

Un après-midi d’hiver, lors d’une promenade avec une amie, au détour d’un chemin boisé j’aperçois au loin cette communauté de méditants. Je m’approche et m’invite à leur session. 
C’est un plaisir de pouvoir pratiquer au milieu d’un groupe – cela fait si longtemps que ça ne m’est pas arrivé. Prendre place parmi eux, établir ma posture et écouter. Le silence est presque parlant ici. L’espace paisible et vaste, devant moi le ciel, un champ, des pins et un bois dénudé .
Je suis heureuse dans cette posture, très simplement, elle m’est si familière et j’ai trouvé des semblables même s’ils sont de pierre. 
Lors de la pratique des tas de choses viennent à notre esprit. Ils me viennent parfois des mots, soit subrepticement, soit de façon insistante.
Mon esprit est envahi par le refrain d’une chanson  : 

Wie nah sind uns manche Tote, doch
Wie tot sind uns manche, die leben

A quel point des morts peuvent nous être proches, et combien morts peuvent nous paraître certains qui vivent. 

C’est après-coup que je recherche d’où sont extraites ces paroles. Il s’agit du refrain de Hugenottenfriedhof , le cimetière des Huguenots, écrit et chanté par Wolf Biermann, chanteur-poète, idole de ma jeunesse mais surtout figure symbolique de la résistance à la dictature. 
C’est dans ce cimetière, à Berlin (Est), où reposent Hegel et Brecht. 

Après cette session un peu inhabituelle il est bon de retrouver mon amie qui est bien vivante, de parler, de marcher. Nous sommes au Village des pruniers dont j’ai entendu parler souvent. 
Officiellement le site est fermé mais il est tout de même ouvert sur le paysage alentour. Il est déserté mais nous croisons quelques rares personnes aux visage rayonnant. 
C’est un moment de grâce pour découvrir ce magnifique lieu de paix. 
Le mimosa est en fleurs.

Elisabeth Larivière

Sainte Foy la Grande

0 commentaires

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.