Habiter réellement un lieu

Photo de Cerasuolo, 25 avril 2016

Ce matin, je pratique la méditation de pleine présence après un voyage de deux jours enfermée dans une voiture  depuis Bruxelles  pour descendre 1650 kilomètres plus au sud. J’ai la grande chance d’être arrivée dans notre maison au milieu d’un petit village des Molises/Abruzzes, dans les montagnes au sud de l’Italie. C’est une maison que je connais très bien puisqu’il s’agit du village d’origine de mon mari et que nous y venons souvent. Et pourtant, en m’asseyant ce matin sur mon coussin, je vois tout de suite une énorme difficulté à être là.

L’esprit ailleurs

J’essaie de me poser, d’écouter ce qui est là, les hirondelles, l’espace de la montagne  mais je vois mon esprit qui repart 1650 km plus hauts  d’où j’arrive. Je reviens à l’écoute de ce qui est particulier au lieu de ce matin mais je sens comme j’ai du mal à l’habiter. Je pose mon corps et je sens combien il est découpé en morceaux, la poitrine encore écrasée par le manque d’air des deux jours précédents, le dos un peu tassé  et l’espace du cœur replié… Mon esprit repart, revient et petit à petit, mon corps cherche une place plus adéquate à ce jour. Le souffle se fraie un chemin  vaille que vaille et ma cage thoracique s’allège, mon visage s’aère et mon bassin lâche un peu sa retenue. Mais mon esprit repart bien sûr.

La présence est corporelle

C’est passionnant et très étonnant car je sens à quel point mon corps cherche à ré-habiter cette maison, combien il s’agit de réinventer des racines pour m’ancrer dans ce qui est tout à fait nouveau aujourd’hui. Je ne peux retrouver d’anciens repères connus, ils ne sont plus adéquats. J’ai vécu le voyage différemment, je ne suis plus la même que quand j’étais venue la dernière fois. Cela me montre une fois de plus que le temps de la méditation est une occasion unique de se «redéposer », d’écouter à neuf  ce que nous dit le corps quand il cherche sa place, comment le mouvement du souffle nous indique  l’espace que nous habitons  et celui qu’il nous reste à « redécouvrir ». Cet espace que nous ne connaissons pas encore car c’est en éprouvant notre rapport à lui que nous allons  le voir, l’entendre, le toucher réellement.
Une belle aventure  à renouveler. L’aventure de la pratique  régulière.

Sylvie Storme

Bruxelles

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