Être ensemble

Image d'un ensemble de végétaux

Retour sur Paris après plus de deux mois de confinement en Ardèche. Cela fait drôle de n’avoir vu personne, ni collègues de travail, ni amis pendant aussi longtemps. Je me rends compte à quel point ces relations me manquent. Les conférences audio sur internet, même si ce sont des outils extrêmement précieux dans une situation de confinement, laissent un goût d’incomplétude. Quelque chose fait défaut. La présence est avant tout corporelle. Les êtres humains ont besoin d’être ensemble corporellement.

Pour la première fois depuis deux mois j’ai pu rencontrer des amis. Il est possible de se voir, d’être ensemble, de dîner ensemble, même s’il faut encore rester à distance.

Faut-il se protéger des autres ?

Je redécouvre ainsi le bonheur d’être ensemble, moi qui bien souvent ai cherché à être solitaire. Je me souviens qu’à l’époque de mon adolescence, j’avais décidé d’être indépendant des autres. Je pensais que c’était une force, qu’il fallait s’endurcir. Je peux voir maintenant plus clairement les blessures qui étaient à l’origine de cette recherche de solitude. Je revois les situations dans l’enfance où je me suis retrouvé seul, perdu, agressé. Il y a eu en particulier ces colonies de vacances où j’allais pendant un mois tous les étés à partir de l’âge de sept ans jusqu’à l’adolescence. Il me reste de tout cela des souvenirs d’angoisse ; angoisse d’être rejeté, peur d’être agressé physiquement, solitude, et aussi l’idée que je me suis forgée peu à peu qu’il fallait se protéger des autres.

La méditation m’a permis d’apporter plus de clarté sur tout cela, et je peux voir maintenant à quel point j’avais un très fort besoin d’être en relation, d’être aimé et accepté tel que j’étais par les adultes et de faire partie de la bande avec les enfants de mon âge.

Un espace relationnel

La méditation est en effet un espace où tout est accueilli, nos douleurs, nos souffrances. C’est aussi un lieu de guérison où nos blessures peuvent être soignées. C’est encore un espace relationnel où nous voyons tous les liens qui nous accordent au monde. Il se pourrait bien que cet espace relationnel nous constitue. Ainsi, dans Et si de l’amour on ne savait rien, Fabrice Midal se demande: « Et si la relation était première ? Si c’était même la relation qui rend chacun ce qu’il est ? »

Ces dernières semaines pendant le confinement, je pensais souvent aux personnes que je connais à Paris que j’avais envie de revoir. Je pensais aussi à mon appartement parisien inoccupé depuis deux mois et à ma plante verte qui s’y était épanouie depuis des années et qui m’offrait généreusement un spectacle d’abondance végétale verdoyante. Allait-elle survivre sans une goutte d’eau pendant tout ce temps ? J’imaginais le pire, les feuilles jaunies, toutes desséchées jonchant le sol. Bonne surprise ! quand je l’ai retrouvée à mon retour, elle était en piteux état mais toujours vivante et verte. J’ai enlevé les feuilles mortes, je lui ai donnée de l’eau et je l’ai vue peu à peu se refaire une santé.

Cette situation de confinement me fait redécouvrir à quel point nous les êtres humains, avons besoin de relation, d’amour, d’être ensemble. Tout comme les plantes ont besoin d’eau pour vivre, nous avons besoin du terreau de nos relations humaines pour croitre.

Xavier Ripoche

Paris

4 commentaires
  1. Christine Duboc dit :

    Merci Xavier !
    Et si ta plante verte n’avait pas seulement besoin d’eau ? Comme nous n’avons pas seulement besoin de manger, boire ou dormir mais que être en relation est indispensable!
    Des études montrent que les plantes sont aussi en relation, et qu’en y pensant, peut être en lui parlant à ton retour tu as contribué à sa santé…… le scientifique que tu es doute ? Tu peux lire le passionnant ouvrage de Peter Wohlleben «  la vie secrète des arbres ».
    Bien à toi

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    • Xavier dit :

      Chère Christine, merci pour ton commentaire. Oui je ne doute pas que les plantes aient une vie relationnelle et j’imagine que nous n’avons pas fini de percer leurs secrets.
      Bien à toi,
      Xavier

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