S’oublier pour se rencontrer

Tableau de René Magritte montrant un homme vu du dos qui, se regardant dans un miroir, se voit de dos au lieu de se voir de face.

De multiples petites prisons

Plus j’avance sur le chemin, plus je me rends compte à quel point il m’est difficile de mettre de côté l’image que je me fais de moi-même. C’est un peu comme si je me regardais dans un miroir déformant qui ne garderait que les côtés négatifs de ma personnalité. Je me vois timide, incapable d’entrer en contact avec les autres. Je me trouve trop lent et trop indécis. Je me vois trop perfectionniste, me perdant dans des détails inutiles. Ou encore pas assez instruit, avec des lacunes considérables de connaissances générales…

Tous ces visages négatifs de moi-même sont comme des petites prisons dans lesquelles je m’enferme et qui entravent mon existence. Si je me focalise sur eux, je tombe vite dans une grande paralysie où la moindre action devient très compliquée. La conscience trop aiguë de mes insuffisances est une très puissante source de stagnation.

Plus simple, plus vivant !

Quand je suis sur le coussin, je m’abandonne à la simplicité du présent vivant. Je suis mon souffle. J’entends les bruits du dehors. Une voiture qui passe. Un oiseau qui chante. Le bruit d’un chantier au loin. Je vois la lumière qui vient de la fenêtre et joue sur le parquet devant moi. J’en reviens au simple plaisir de goûter ce qui se présente.

C’est très simple. Je m’abandonne à la simplicité du présent. Et, ce faisant, je m’oublie. Du moins j’oublie ces idées que j’ai de moi-même. J’oublie cette image dans laquelle j’ai pris l’habitude de m’enfermer. J’oublie que je suis timide. J’oublie mon indécision. J’oublie mon perfectionnisme. J’oublie tout ce que je ne connais pas… Je sors de cette fiction qui s’était construite autour de moi pour revenir dans la simple réalité de la présence.

Alors une rencontre est possible. Je rencontre un visage de moi-même que ces multiples visages masquaient. Un visage moins bien défini, plus imprévisible, capable de me surprendre et de déjouer ce qui semblait perdu d’avance. Je rencontre simplement la vie en moi, que je ne maîtrise pas vraiment, qui est toujours là, disponible, prête à tout.

 

Benjamin Couchot

Bois Colombes

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