Retrouver la confiance de l’enfance

Photographie montrant deux enfants sautant devant un coucher de soleil. Leurs bras et leurs jambes s'unissent en forme de cœur.

Tendances habituelles

Lors du dernier stage confiance en Savoie en mai dernier, un enseignement traitait des obstacles à la confiance. L’un des obstacles est ce qu’on peut appeler nos tendances habituelles qui sont la manière dont nous avons l’habitude de nous protéger de la réalité lorsque celle-ci nous embarrasse en usant de schémas de pensées qui nous sont propres. Par exemple une personne qui, ne supportant pas le silence, meublerait systématiquement par des paroles un blanc dans une conversation pour éviter un sentiment de gêne. Ces tendances habituelles viennent recouvrir une ouverture première que nous ne soutenons pas, et nous préférons bien souvent nous laisser guider par elles comme sur des rails plutôt que de faire l’épreuve à neuf de la réalité.
Nous avions été invités à l’occasion de groupes d’exploration à parler de nos propres tendances habituelles. Chaque personne avait ainsi le loisir d’évoquer en petit comité ce qu’elle pensait être l’une de ses tendances propres. J’avais pour ma part pensé à un souvenir de vacances en famille.

La planche de surf

C’était il y a quelques années, mes enfants étaient encore jeunes, nous étions au bord de la mer et avions acheté une planche de surf pour mon fils. Tout allait bien jusqu’à ce que ma fille finisse par demander elle aussi d’avoir une planche de surf, comme son frère. Il fallait prendre une décision mais tout en moi résistait à cet achat. Je savais que ces planches de surf n’allaient servir que quelques dizaines de minutes pendant ces vacances et qu’ensuite elles finiraient au fond d’un placard (où elles sont en effet encore aujourd’hui). Le fait d’acheter le même objet à chacun de mes enfants heurtait aussi en moi une éducation où on m’avait appris à partager avec mes frères et sœurs, ne pas acheter les choses en double mais se les prêter les uns aux autres par souci d’économie. J’étais en plein dans l’une de mes tendances habituelles faite de rationalité et de souci d’économie.
Petit à petit pourtant quelque chose s’est fissuré dans cette carapace de refus dans laquelle j’étais. Je n’étais pas complètement sûr de prendre la bonne décision en disant non. Je commençais à m’ouvrir à la réalité de la situation avec une intelligence non rationnelle. Ma fille ne désirait pas avoir la même chose que son frère par caprice, mais parce qu’ils voulaient tous les deux nager ensemble dans la mer avec leur planche. C’était un vrai désir qu’ils avaient envie de partager ensemble et pas l’un après l’autre. C’était un moment de joie commune qui valait peut-être bien d’acheter deux planches au lieu d’une, même si elles ne devaient servir que très peu.

Merci !

Alors j’ai fini par dire oui. Et là un petit miracle s’est produit. Ma fille a mis ses bras autour de mon cou et m’a dit un de ces « Merci ! » que seuls savent dire les enfants, un merci plein d’innocence et d’amour qui m’a mis les larmes aux yeux. C’était un vrai cadeau qui valait bien des millions de planches de surf et qui récompensait le fait que j’avais pu un peu sortir des rails de mon éducation et de mes tendances habituelles. Aujourd’hui encore ce simple souvenir m’ouvre à la vérité de l’amour.

Les enfants grandissent et quelques années plus tard ils oublient cette innocence première et cet amour spontané qui ont le pouvoir de balayer d’un coup les arguments rationnels des adultes. Ils deviennent eux aussi parfois critiques, durs, rationnels, insensibles, blessants. Ils se veulent libres et indépendants, se forgent des opinions, prennent parti pour ou contre ceci ou cela, jugent parfois sévèrement leurs parents. Ils oublient de dire merci. Ils se construisent eux aussi au fil du temps leurs propres tendances habituelles comme pour se protéger de la vie. En un mot ils ne font plus confiance à l’innocence et à l’amour.

Pour nous tous, c’est un vrai travail que de retrouver cet esprit d’enfance, cette innocence, cette bonté primordiale d’avant nos tendances habituelles.
C’est sans doute à cela que nous invite le stage confiance proposé par notre École.

 

Xavier Ripoche

Paris

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