Le pouvoir des mots

Tableau représentant Orphée, tenant sa lyre à la main et guidant Eurydice au travers d'une forêt. On aperçoit en arrière-plan un groupe de personnages se tenant debout au bord d'un étang.

Souvent, je trouve les cours que je suis à l’université abstraits, loin de la vie, loin du réel. Toutefois, il y en a toujours qui font exception, des moments où une parole parle pour de bon et où des choses essentielles sont montrées. En relisant mes notes de cours de littérature, je retrouve l’un de ces cadeaux, au sujet de la parole justement.

 

La magie de la parole poétique

Dans l’antiquité, la poésie est pensée comme un chant. Pour les anciens, la poésie relève de la musique. Elle est d’abord une incantation, un acte de parole par lequel un poète, un devin, un mage, prononce des formules “magiques” qui vont avoir une action dans le monde, bien qu’on ne puisse la mesurer. Les anciens pensaient que la parole humaine pouvait avoir un effet bien réel sur le monde.

Dans toute la tradition poétique occidentale, on a gardé l’idée que la langue, utilisée de manière intense, peut guérir. Le poète, le mage, le devin, disent des mots qui guérissent. La prière est aussi pensée comme une parole agissante tout comme les paroles prononcées dans certains rites. Dans les rites mortuaires par exemple, on prononce un discours ou on lit un poème afin de donner au mort son repos. On reconnaît bien que la parole a ce pouvoir-là et même dans un contexte rationaliste tel que le nôtre aujourd’hui, la poésie n’a pas perdu cette idée d’incantation.

Pour avoir ce pouvoir, le poète sait la puissance de son verbe. Le poème peut donc soulager le deuil, mais comme le développe Henri Michaux, il peut aussi exorciser le mal, ou comme chez Saint-John Perse, il peut donner l’intuition de la présence des dieux, du sacré, du mystère ou comme dans le mythe d’Orphée, le poète, par son chant, obtient des Dieux de faire revenir la femme qu’il aime des enfers…

Redonner à la parole sa force de transformation

J’ai trouvé ce cours passionnant et j’ai pu faire de nombreux liens avec ce que j’ai appris sur la poésie dans l’École occidentale de méditation et aussi des liens avec les pratiques sur l’amour bienveillant.

Ce cours m’a fait réaliser que ces pratiques, celles proposées par Fabrice Midal dans son coffret de méditation guidée sur l’amour bienveillant par exemple, redonnent à la parole la force de transformation qui est la sienne, force que nous avons tendance à négliger…

Dans ces pratiques, on retrouve le pouvoir salutaire des mots. On dit notre aspiration à entrer en amitié avec soi et on laisse chanter l’ouverture première de notre cœur. On découvre que se souhaiter le meilleur, se souhaiter d’être en paix et souhaiter de même aux autres, nous apaisent profondément et nous ouvrent au monde.

Ainsi, grâce à ce cours de littérature, je peux dire que chaque pratiquant devient en quelque sorte poète, mage, devin, au sens où il redonne à la parole son pouvoir de guérison tel que cela fut pensé au cours de notre histoire…

 

Guillaume Vianin

Neuchâtel

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