Notre présent manque de simplicité

Photo de la couverture du livre "Eloge de l'insécurité" d'Alan Watts
Je trouve de plus en plus difficile d’être réellement attentive au moment présent, ce présent tout simple qui nous entoure, qui est à chaque instant disponible, généreux et imprévisible. Peut-être parce que notre présent est comprimé entre nos souvenirs du passé – nos échecs, nos regrets ou notre nostalgie – et nos espoirs sur l’avenir, le rêve d’un lendemain qui pourtant sans cesse s’éloigne.

« Le pouvoir des souvenirs et de la prévision est tel que, pour la plupart des êtres humains, le passé et l’avenir ne sont pas AUSSI réels, mais PLUS réels que le présent. » écrit Alan Watts en 1951 dans Eloge de l’insécurité.

Mais aujourd’hui, notre présent est également parasité par de multiples présences virtuelles, digitales, factices, qui rendent éminemment plus flou notre accès à cette présence pleine et vivante qui constitue la vie humaine.
Ainsi quand je voyage dans le métro, le bus ou le TGV je navigue au moins autant sur les réseaux sociaux, sur le web, dans un monde virtuel qui a trouvé sa propre existence, sa propre réalité, entièrement élaborée, fantasmée et néanmoins adoubée par la plus grande partie de la planète.
Ce monde virtuel est comme un arrière-plan constamment tapi dans l’ombre de mon cerveau. Ce monde peuplé de #likes, de #followers, de #fans, de #relations, de #j’aime… est si excitant, si rapide, si coloré, si réactif… il est un magnifique miroir aux alouettes.

Alors il y a la pratique de la méditation qui me montre que  « Nothing happens » = rien ne se passe.
Ni ici, ni ailleurs. Pas d’histoire, pas d’imagination, pas de délires. Rien que le présent ordinaire, lumineux, parfumé, bruyant, changeant, instable… qui me permet, chaque jour, de ne pas me perdre dans les limbes du World Wide Web.

Je sens le poids de mon corps dans mes jambes, la plante de mes pieds sur le sol, le léger mouvement de mon souffle, mes capacités auditives et visuelles retrouvent leur fraîcheur, je suis vivante, encore, pour un moment.

Marie-Laurence Cattoire

dans le TGV Angoulême-Paris
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