Sans cadre, pas de liberté

Photographie par Willy Ronis du peintre André Lhote vue de dos portant un cadre vide devant un paysage à Gordes.

C’est une chose tout à fait paradoxale : nous avons besoin d’avoir des cadres pour être libres. On croit que la liberté a à voir avec le fait de ne pas être contraint, de ne pas avoir de règle à suivre. Mais en réalité, il en va tout autrement. Sans cadre, il est fort probable que nous restions simplement dans le flou. Placés devant l’infinie multitude des possibilités, nous serions pris de vertige et parfaitement incapables de faire un choix résolu. Nous avons toujours besoin d’un cadre, quand bien même c’est nous qui le choisissons, qui nous l’imposons à nous-même.

 

Il n’y a pas de liberté possible sans cadre. Les peintres le savent bien. Il faut un cadre – du moins une toile aux contours définis – pour faire un tableau. À l’intérieur de la toile, le peintre peut librement déployer les formes et les couleurs qu’il souhaite. Mais sans les limites de la toile, il n’y aurait simplement rien de possible. C’est tout bête !

 

Quelques règles

C’est un peu la même chose avec la pratique de la méditation. Pour que nous puissions nous abandonner librement à la présence, il est nécessaire d’établir quelques règles, qui constituent une sorte de cadre. Choisir un moment dans la journée. Trouver un lieu propice que l’on aménage avec soin. Se donner un temps de pratique. Prendre une posture précise, que l’on n’a pas choisie. Suivre des instructions. Tout ceci peut nous paraître bien contraignant. Pourquoi faudrait-il nous embarrasser de tant de choses alors qu’il s’agit simplement de se relier à la vie en nous ?

Ces contraintes, en réalité, sont des aides précieuses. Elles nous simplifient la vie. Tous ces éléments réglés – le temps, le lieu, la posture – sont autant de choses dont nous n’avons plus à nous soucier. On peut alors se consacrer à l’essentiel, à notre souffle, à la perception des éléments qui nous entourent, aux émotions qui nous traversent … à notre présence au monde.

Ces règles, loin de nous enfermer, nous libèrent profondément et nous permettent de nous relier à la part la plus essentielle de nous-même. Au début, elles nous embêtent un peu, mais, avec le temps, elles finissent par devenir nos meilleures alliées.

 

Benjamin Couchot

Bois Colombes

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