Méditer pour s’établir dans son existence

Photographie d'un paysage avec un fleuve



Ce que nous faisons de notre vie

La plupart du temps, nous définissons ce que nous vivons par ce que nous faisons. Si nous parlons de notre journée, nous énumérons les différentes choses que nous avons accomplies, où nous sommes allés, qui nous avons rencontré, ce que nous avons dit, ce que nous avons décidé. On pense que s’établir dans son existence consiste à organiser sa vie, à planifier son avenir, à faire des projets. Plus on contrôle sa vie, plus on a le sentiment d’être établi dans son existence.

Mais on peut par moment avoir l’impression d’une fuite en avant.  Tout paraît s’enchaîner sans faille, et pourtant quelque chose semble manquer ;  un vent de panique peut alors nous étreindre et nous ne sommes tout à coup plus tellement certains de ce que nous faisons de notre vie.


Il est assez rare que nous prenions le temps de regarder l’endroit où nous sommes, de sentir l’atmosphère qui s’en dégage, d’écouter ce que nous vivons dans notre intimité, par quoi nous sommes habités. Généralement, si c’est heureux, c’est tant mieux, si c’est triste ou dérangeant, on essaie de l’évacuer pour ne pas entraver ce que nous avons à faire.   

S’arrêter

Méditer, c’est s’autoriser à s’arrêter, à sortir de cette fuite en avant.

Quand on pratique la méditation, on interrompt le flux de nos activités et on prend un moment pour se poser. On ne fait rien de spécial, et on découvre qu’on peut avoir un autre rapport à la vie et à ce que nous sommes.

Pratiquer la méditation, c’est découvrir tous les détails de ce que nous sommes en train de vivre, là maintenant, c’est goûter à ce que nous sommes en train de traverser, que ce soit difficile, sans intérêt ou heureux. On s’établit dans son existence et on cesse de passer à côté de soi-même parce que la pratique nous ancre dans la réalité, dans la chair même de la vie.

Retrouver le mouvement de la vie

En prenant le temps de rencontrer ce qui est, on se rend compte que rien n’est figé. Un moment n’est jamais pareil à un autre, un son apparaît et disparait, une sensation apparaît et disparait, une pensée émerge, suit son chemin et se dissout, le souffle est un mouvement continu, et en même temps toujours changeant.

On perçoit le mouvement de la vie, mais au lieu d’être emporté par son mouvement, on le vit, moment après moment.

Cela peut paraître paradoxal de s’établir dans quelque chose qui est en mouvement. Et pourtant, quand nous sommes en rapport à ce mouvement, à celui de notre souffle, nous ne sentons plus la panique de la fuite en avant, parce que nous sommes au cœur même de la vie. Le flot de nos activités va continuer, mais la pratique de la méditation ouvre notre horizon, et nous permet de le considérer avec un regard plus sage, plus accordé à la réalité et plus en phase avec ce que nous sommes.


Dominique Sauthier

Genève

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