Rencontre avec un kinésithérapeute, enseignant en méditation

Image de la peinture "Homme debout, les bras étendus", de Cézanne

CLÉMENT CORNET* : « APPRENONS À NOUS CONFIER À NOTRE CORPS »

– Vous avez une double casquette. Vous soignez le corps en tant que kinésithérapeute, vous soignez l’esprit à travers la méditation…
– Je soigne les personnes, et il n’y a pas de personne s’il n’y a pas de corps. Dans mon cabinet, je vois beaucoup de patients qui ont mis leur corps en sourdine en l’objectivant, en le réduisant à une cheville, à une épaule, à un dos qui vont mal. Or le corps est une entièreté ! Au-delà du geste mécanique du massage, mon rôle de kinésithérapeute est aussi de trouver la cause du symptôme, de le situer dans l’existence du patient, de prendre en compte que ce symptôme est un lieu qui concentre des aspérités, des crispations, par où la vie ne veut pas se donner de manière fluide. Je n’en parle pas toujours à mes patients parce que certains ne pourraient pas l’entendre, mais j’ai besoin, pour les masser correctement, d’être à l’écoute du corps qui me parle dans son entièreté.

– Dans votre enseignement de la méditation, vous mettez aussi l’accent sur cette écoute du corps.
– Je mets l’accent sur la globalité de la personne. Il n’y a pas le corps d’un côté et l’esprit de l’autre, ni l’un plus que l’autre. Le corps et l’esprit forment une unité. Le comprendre et l’intégrer est le travail de toute une vie.

– Méditer aide à habiter son corps différemment ?
– La méditation n’est pas une gymnastique, elle n’est pas une affaire de posture à réussir, elle est un juste retour au corps, elle redonne droit au corps, elle nous aide à découvrir que nous pouvons nous confier au corps que nous avons, même s’il n’est parfait, même quand il est malade ou vieillissant. C’est un bond extraordinaire sur la voie de la guérison de la personne dans son entièreté. Vous savez, notre corps est bon, indépendamment du fait qu’il puisse avoir des bobos. Il nous accompagne tout le temps, il faut lui faire confiance.

– Peut-on méditer en faisant abstraction du corps ?
– Il n’y a pas de méditation si elle n’est pas d’abord corporelle. Beaucoup pratiquent en oubliant leur corps, c’est une maladie actuelle, et je me rends compte qu’en apprenant à faire confiance à son corps, la méditation est plus facile, plus joyeuse, plus profonde, plus entière, plus intégrée, plus en lien avec la vie. Pratiquer sans son corps, c’est utiliser sa tête seulement. A l’inverse, pratiquer avec son corps permet d’accéder à la tête qui fait partie du corps. Quelle drôle d’idée de vouloir la couper !

* Co-auteur, avec Fabrice Midal, du livre audio « Habiter mon corps, guide de méditation », Audiolib, 2017

Article paru dans Mon école du bonheur, par Fabrice Midal, Edition : Geo Grand Format, 2020

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