Plein Ciel

Photographie d'une chaine de montagnes surmontée d'une trâinée de nuages vus du ciel.

Parcours minuté

Je prends souvent l’avion pour mon travail. Loin d’être des activités touristiques ce sont en général des voyages assez courts, deux ou trois jours maximum, où tout est minuté : taxi, aéroport, trajet en voiture, hôtel, réunions où il faut être précis, ne pas perdre de temps, dans lesquelles il peut y avoir une certaine tension, puis retour pressé vers l’aéroport, contrôles, attente, embarquement et enfin décollage avec un sentiment de soulagement au moment où l’appareil quitte le sol.

Une parenthèse

J’écris ces lignes quelque part entre Bucarest et Paris. Ma mission s’est bien passée, c’est un jour de grève à Air France et l’avion est très en retard. Qu’importe ! Maintenant, 3 heures de répit, sans que personne ne puisse me contacter : pas de téléphone, pas d’e-mails et je ne vais pas travailler ! Ces quelques heures de bienfaisante solitude offertes par notre aimable compagnie aérienne française sont des moments rares et précieux. Je ne suis plus dans un pays et pas encore dans un autre. Tout peut arriver dans le monde sans que j’aie la moindre possibilité d’être au courant. Pour un temps, oubliées les grèves, oubliée l’actualité catastrophe dont nous abreuvent les médias. Oubliés le passé et le futur. Je vole vers mon destin à mille km/heure.

J’apprécie énormément ces instants qui sont comme des brèches dans mon existence. Les soucis, les conflits, les disputes, les tracas sont loin. Les hôtesses sont pleines de bienveillance. Magnifique vue sur les montagnes (les Carpates peut-être ?), puis au-dessus d’une mer de nuages, j’attends tranquille que le soleil se couche (mais se couchera-t-il ?). Tiens, un fleuve au-dessous de nous, ruban sinueux immense dont les méandres se perdent au-dessous des nuages ! Qui sait quel est son nom ?

Un bonheur simple

C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles je pratique quotidiennement la méditation. Retrouver sur mon coussin pendant quelques instants cette fraîcheur, le téléphone réduit au silence comme malgré lui. Dans ces moments-là il ne fait pas le fier (puni en mode « avion » d’avoir trop vibré). Ne pas savoir exactement où je suis, ne pas coller une étiquette à tout ce que je vois. Redécouvrir à neuf et avec une certaine innocence la sensation d’être. Apprécier un pur moment de solitude et de grâce, le bonheur d’être en vie. Goûter cette expérience du temps suspendu entre l’inspire et l’expire, comme entre deux mondes, comme entre deux pays. S’étonner de cette brèche qui fait effraction dans une vie bien remplie. Être en rapport au ciel et sous mon séant sentir la terre magnifique et immense.

 

Xavier Ripoche

Quelque part entre ciel et terre

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