Fausses pistes

Photo aérienne d'un labyrinthe végétal

En quête de tranquillité

Quand j’étais enfant, on m’appelait « la puce » à l’école. J’étais petit, maigre et je ne faisais pas le poids physiquement face à mes camarades de classe. J’évitais les conflits du mieux que je pouvais. Quand on jouait à la balle aux prisonniers, je ne cherchais pas à attraper la balle pour passer à l’offensive, mais je me faisais le plus invisible possible pour éviter d’être touché et me retrouver en prison. Ma discrétion était mon arme secrète. J’avais compris aussi qu’en classe, si on voulait ne pas se faire punir il fallait se tenir tranquille, ne pas être trop bruyant, trop vivant quoi ! J’admirais ceux de mes camarades qui étaient capables de braver les interdits, de faire des bêtises, quitte à se retrouver punis au fond de la classe. Ils savaient se foutre la paix malgré les punitions alors que je redoutais par-dessus tout d’être distingué.

Adolescent j’ai conservé cette discrétion. Mon idéal c’était qu’on me laisse tranquille dans mon coin. Ne pas être trop remarqué. J’avais horreur de passer au tableau en classe, d’être sous le feu des projecteurs. Je crois avec le recul que mon idéal était toujours de trouver un coin de paradis où personne ne viendrait m’embêter, où je serais enfin tranquille, sans devoirs à faire, sans personne pour m’embêter.

La méditation, une bulle ?

Un jour j’ai été intéressé par la méditation et sans doute que parmi les raisons pour lesquelles la pratique de la méditation m’avait attiré à ce moment-là, il y avait l’idée que j’allais enfin pouvoir trouver cette bulle de solitude que je cherchais depuis si longtemps. J’allais enfin pouvoir être tranquille, faire le vide dans ma tête ou du moins m’extraire des problèmes du quotidien pour jouir du moment présent, pour rêver. C’était le coin de paradis que je cherchais depuis longtemps.

J’ai découvert par la suite que ces idées étaient des fausses pistes. La pratique de la méditation, loin de me replier sur moi-même m’a au contraire fait sortir de ma bulle. J’ai compris que méditer c’est avant tout être vivant. Ce n’est pas occulter nos problèmes mais apprendre à les voir, à faire pleinement l’épreuve de nos difficultés. Méditer c’est adopter une forme de discipline, se mettre au travail pour de bon, arrêter de rêver sa vie, apprendre à savoir ce qu’on veut vraiment, apprendre à aimer.

La méditation me bouscule tous les jours, me sort des schémas de pensées habituels, des idées que j’ai sur moi, sur les autres ou sur la vie. Elle m’empêche de m’égarer sur des fausses pistes. Elle est mon arme secrète.

Xavier Ripoche

Paris

1 commentaire
  1. Christine B. dit :

    Merci Xavier de nous faire partager ton expérience au sujet de ton arme secrète. Ton témoignage me touche, d’autant plus que je suis enseignante et pense à certains élèves que j’ai rencontrés dans ma carrière.
    Comme tu le dis, Méditer c’est arrêter de rêver sa vie…. et j’ajouterais : arrêter de la cauchemarder ! A bientôt, Christine

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