Le sens naturel et ordinaire de la posture

Photo de Shunryu Suzuki, en posture de méditation

« Être dans cette posture, c’est cela même avoir le juste état d’esprit. Il n’y a pas besoin d’obtenir quelque état d’esprit spécial. »

Shunryu Suzuki, Esprit Zen, esprit neuf.

Pour entrer en rapport à la présence, il y a un moyen tout simple, à portée de main, c’est de prendre appui sur le corps. Le corps est un moyen tout à fait privilégié, incontournable même, pour cultiver le sens de présence.

C’est certes très simple, mais pas si évident pour nombre d’entre nous.
Et pour cause, dans la vie, parfois, le corps n’en fait qu’à sa tête. Nous ne lui portons pas d’égard.

Mais parfois au contraire, à mesure que l’on se met à son écoute, on découvre que notre corps en sait beaucoup sur l’expérience vivante du présent, sur la vie qui coule à travers nous, et sur notre existence.

Et dans la méditation, le corps, pour le rencontrer, il nous faut — tout simplement — nous en remettre à la posture, telle qu’elle a été décrite depuis des millénaires, et transmise de génération en génération de pratiquants.

En ce sens, prendre appui sur notre corps, ouvre à la méditation et la méditation nous permet de rencontrer notre corps d’une manière profonde et essentielle.

On se méprend souvent sur le sens de la posture.

Au début, la posture nous parait souvent être quelque chose d’extérieur, un peu abstrait, que l’on doit épouser à la perfection. On se dit : si je ne réussi pas à me redresser comme on me l’a indiqué, je n’aurai rien compris. Si j’ai mal, c’est que je ne pratique pas correctement.

Et puis, au fil du temps, des sessions de pratiques, nous apprenons au fur et à mesure à nous familiariser avec la posture et nous découvrons que le corps est un champ d’exploration sans fin. Nous pouvons toujours entrer encore davantage dans l’expérience du corps, laisser résonner encore davantage l’épaisseur de l’expérience par le corps.

En somme, le laisser prendre corps toujours d’avantage, de manière très ordinaire.

Apprendre la posture, c’est donc apprendre un geste très subtil, se tenir dans un certain cadre, de manière ni trop tendue, ni trop lâche non plus.

Par exemple, bien laisser la tête se redresser, dans la continuité des épaules, mais sans en faire toute une histoire, sans chercher à réussir une posture (de marbre) parfaite. Juste avoir la tête sur les épaules.

Il en est de même pour tous les points de la posture : le bassin, les jambes et les pieds, les mains, le dos, la tête et les yeux. Nous leur donnons une place. 

C’est là l’apprentissage du placement naturel du corps, et par là-même de notre esprit et de notre être.

Nous rentrons ainsi dans une profondeur de l’expérience humaine, qui a un peu plus de poids, qui est un peu plus vivante, ordinaire.

Parfois, pour m’aider à continuer ce travail, je me dis que simplement retrouver ainsi mon corps, c’est suivre un chemin qui a été initialement présenté il y a 2 500 ans, et que par mon engagement je garde.

Car c’est grâce à des personnes comme vous et moi qui décident dans leur vie, à un moment de la journée, délibérément, de s’assoir en silence, dans une posture, sans bouger, et de cultiver ainsi un sens de présence que la pratique est toujours vivante.

Clément Cornet

Paris

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