Instants de pratique

Photographie de l’intérieur de la maison de campagne de Virginia Woolf.

Méditer, c’est comme rentrer chez soi après une journée de travail.

On rentre chez soi, dans une maison silencieuse, où il n’y a personne d’autre que nous.

Si on est en costume ou en tailleur, on va peut-être se changer, pour être plus à l’aise dans nos vêtements. On peut se détendre, on est seul, il n’y a personne pour nous demander quoi que ce soit, personne envers qui on se sent obligé de faire bonne figure ou de jouer son rôle de chef, de sous-chef ou de simple exécutant. Personne qui nous sollicite : « Regarde-moi papa ! » ou « Me trouves-tu belle mon chéri ? »

On est seul, tranquille, dans le silence. On va peut-être profiter de ce moment pour prendre un petit verre, assis sur le canapé. On se pose un moment.

Et puis, ensuite ? On va peut-être se retrouver debout, au milieu de son salon, un peu perdu, en train de se dire « Et qu’est-ce que je fais maintenant ? », « Comment j’occupe ce temps qui s’offre à moi ? »

On sentira peut-être un léger sentiment de panique devant ce moment vide de toute occupation.

On sera content de trouver une petite vaisselle à faire ou d’avoir à éplucher les légumes pour le dîner. On sera seul avec notre vaisselle ou nos légumes, en silence. Peut-être avec un léger sentiment d’énervement ou de flottement. Ou peut-être simplement paisible.

Et après, on mettra peut-être la radio, la télé ou on regardera son smartphone pour occuper son esprit qui a bien du mal à rester tranquille, dans le silence et la solitude.

Et cela, même si cela fait du bien de rentrer chez soi.

Méditer, c’est comme voyager seul, à destination d’une ville inconnue.

Peut-être avez-vous déjà eu l’occasion de voyager seul, de prendre l’avion ou le train – ou de faire du stop – pour aller dans une ville que vous ne connaissiez pas et où vous ne connaissiez personne.

On arrive dans cette ville qu’on ne connaît pas, sans aucun de nos repères habituels. Comme nous n’y connaissons personne, nous n’avons pas à jouer de rôle social, nous n’avons personne à impressionner, personne à séduire. On peut se foutre la paix et simplement être à nouveau comme un enfant, entièrement présent, avec tout ce que nous sommes.

On est tout seul. On ne sait pas ce qu’on va rencontrer, on ne sait pas ce que l’on va manger, où l’on va dormir. C’est à la fois un peu déstabilisant et tout à fait exaltant. Tout est ouvert, tout est possible. Tout peut arriver, tout peut se transformer. On est complètement alerte, curieux de notre environnement. C’est complètement vivant.

Et puis on trouve un lieu où dormir, où manger, on échange quelques mots avec les personnes que l’on rencontre. On prend graduellement ses repères et le moment frais et ouvert se dissipe tout doucement.

Méditer, c’est comme habiter une maison à taille variable.

Méditer, c’est comme être dans le pays d’Alice au pays des merveilles où tout peut grandir ou rapetisser.

On a parfois l’impression d’être dans un cagibi (comme le cagibi sous l’escalier de Harry Potter). C’est un peu claustrophobique, parfois carrément étouffant. On se sent coincé avec notre esprit complètement riquiqui, qui se vautre dans ses petites obsessions habituelles ; « Si j’avais fait ça… » ou « Pourquoi elle m’a dit ça… ». C’est étriqué, étroit et il n’y a pas assez de place pour se redresser.

À d’autres moments, on a le sentiment d’être dans une pièce confortable, chez soi, où l’on peut prendre ses aises. On peut étendre ses jambes. C’est haut de plafond et lumineux. Les aspérités sont arrondies, les tissus sont doux au toucher. Mais le canapé est très – trop – confortable. On peut avoir tendance à s’endormir.

Et puis parfois, on est dans une maison sans murs, sans plafond. Tout est fenêtre. Tout circule.

L’air est frais et vivifiant. Le soleil se lève et on a envie d’aller se promener dans les bois pendant que le loup n’y est pas…

 

Anne Vignau

Saint-Gratien

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