La ronde des saisons

Photographie de la frondaison d'un arbre à la fin de l'été.

Nagori

Dernièrement, j’ai lu un livre d’une auteur japonaise intitulé Nagori. Dans ce livre, Ryoko Sekiguchi parle d’une notion propre à la culture japonaise liée à la perception du temps, le nagori ; c’est un terme qui parle de la fin de quelque chose, d’une saison, d’un moment. Par exemple la fin de l’été que nous sommes en train de vivre a un goût de nagori, une sorte de nostalgie pour la saison finissante. Cette notion s’applique aussi aux saveurs, la saveur nagori, c’est par exemple celle des fruits très mûrs, juste avant qu’ils ne tournent.

Ce qui m’a interpellée dans cette notion de nagori, c’est la vision du temps qu’elle suggère, une vision du temps qui n’est pas linéaire mais cyclique.

La fin de l’été

Les saisons introduisent dans notre vie l’idée de cycles qui se répètent, un peu à la manière d’une spirale. Chaque année revient, avec les mêmes saisons, les mêmes fêtes, les mêmes rites.  Et voilà la fin d’un été, qui mêle la nostalgie des vacances passées à la perspective de la rentrée des classes. Dernières baignades et grand rangement dans les chambres d’enfants pour préparer l’année scolaire à venir.

Il y a le temps cyclique, et il y a le temps linéaire. Le temps linéaire nous fait sentir qu’il y a un début et une fin. Il est fait d’évènements qui ne se répètent pas, et dans cette temporalité, ce qui a été ne sera plus.

Le temps cyclique, c’est le temps naturel, c’est le rythme de la vie qui est fait d’alternances entre des fins et des recommencements ; il y a les saisons, mais aussi le jour et la nuit, et toutes ces alternances, avec leurs passages subtils, sont des expériences sensibles, sensorielles. Une saison nous baigne dans une atmosphère particulière, la chaleur ou le froid, les couleurs, les odeurs ; tout ce qui change au fur et à mesure que les saisons, les jours passent, c’est notre corps qui en fait l’expérience.

Entrer dans le temps de la vie

Quand, dans la pratique de la méditation, nous suivons notre souffle, nous entrons dans un temps cyclique. Il y a l’inspire, puis une petite pause, puis l’expire, et une petite pause. Et le cycle de la respiration reprend.  En posant notre attention sur la sensation du souffle qui traverse notre corps, nous quittons le temps linéaire dans lequel nous nous trouvons bien souvent, un temps que nous cherchons à maîtriser, et où l’irréversibilité des évènements peut devenir angoissante. Nous entrons dans le temps de la vie, dans le temps de l’alternance entre ce qui commence et ce qui s’achève. En faisant un avec notre souffle, nous nous accordons à une respiration beaucoup plus vaste, nous respirons avec la terre, avec le ciel, et nous acquiesçons sans résistance à la ronde des saisons.


Dominique Sauthier

Genève

1 commentaire
  1. Monfort dit :

    Interressant !
    Un cycle répète sur une trajectoire linéaire comme par exemple la rotation de la Terre autour du Soleil, sachant que ce dernier file vers …l’infini : ça dessine une onde, une vibration spatiale.
    Mais paraît-il tout est vibration…?

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