« Le Temps coudé » : une exposition éclairant le lien entre art et méditation

Photo des verrières du Musée d'art moderne du Luxembourg,

En entrant dans le très grand hall du musée du MUDAM à Luxembourg, le temps change de densité. Nous sommes enveloppés tout de suite par l’espace baigné de lumière tombant de la verrière. Il est si ouvert que tout mon corps cherche son équilibre et est presque pris de vertige. En tous les cas cette architecture vaste et très géométrique crée une situation à elle toute seule. Des sons nous parviennent des différentes salles qui s’ouvrent tout autour et l’exposition de Anri Sala, « Le Temps coudé », nous invite déjà à nous abandonner à la magie de cette rencontre.

Ouvertures sensorielles

Chacune de ces salles accueille une œuvre ample qui nous absorbe complètement et nous emporte. C’est un véritable bain sensoriel qui inonde les yeux, les oreilles et saisit la sensation globale du corps dans l’espace. Nous aimerions comprendre : Pourquoi nous nous sentons chavirer? Nous sommes touchés et ébranlés.

Une œuvre nous absorbait avec la sixième symphonie de Schoenberg. Grâce à huit haut-parleurs de très grande qualité qui spacialisaient le son, soit nous pouvions nous promener et recevoir un à un les sons précis sortant d’une source, soit assis nous étions entourés de sonorités qui nous emmenaient dans un mouvement très émouvant. Ce voyage sonore était nourri d’images délivrées par deux écrans chacun à une extrémité de la pièce. Ces images complétaient, accompagnaient, faisaient partie de ce voyage complètement renversant.

Une autre salle accueillait une œuvre composée de 42 caisses claires suspendues au plafond. Celles-ci entraient en vibration au son du concerto pour clarinette de Mozart. C’était tellement exaltant qu’une petite fille de quatre ans s’est mise à danser toute en légèreté enfantine, la tête en arrière, le regard viré sur ce plafond enchanté et miroitant.

Une pratique nourrie

Et quand, le soir, je me suis assise sur mon coussin de méditation, j’étais encore imbibée de ces expériences. Mes idées se bousculaient, un enthousiasme joyeux me tenait en alerte. J’ai mis du temps à me redéposer. Des pensées vives, pleines d’envies défilaient et cela me plaisait. Et pourtant la pratique, le silence et l’immobilité m’ont ramenée petit à petit à ce qui m’était propre. Cette expérience avait aiguisé mon attention et mon écoute. Cette acuité pouvait maintenant se mettre au service de ce qui était là : La densité de l’espace. Mon corps s’est accordé à la posture. Peu à peu je retrouvais cette présence toute simple de la pratique enrichie de ces expériences très vivantes.

Sylvie Storme

Bruxelles

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