La joie au lieu de la peine que nous avions

Photo de l'oeuvre de Proust dans son édition de La Pleïade, les différents livres rangés l'un à côté de l'autre

Un dimanche pluvieux à la maison. Bien que l’été ait pris date depuis quelques jours, c’est encore l’hiver qui se fait sentir ; la lumière est grise, le vent souffle fort à Paris. J’essaie d’écrire sur la bienveillance, j’essaie notamment d’expliquer comment développer de la bienveillance envers ceux qui nous font souffrir (question qui se pose sans cesse quand on entre sur ce chemin) mais les mots viennent difficilement…
J’occupe un appartement parisien très ancien et j’entends fortement le bruit des pas de mes voisins du dessus ; ils me « marchent » sur la tête. Mes pensées s’envolent vers Marcel Proust qui travaillait la nuit pour ne pas être dérangé par le bruit de ses voisins. Du reste tout son voisinage avait pour recommandation d’être le plus silencieux possible pour pouvoir laisser travailler Monsieur Proust, ce à quoi veiller farouchement sa dévouée Céleste Albaret, qui prit tant soin de lui jusqu’au bout.
Cela me donne envie de replonger dans la poésie de Proust. La lecture de « A la recherche du temps perdu » fût un événement marquant pour moi, l’impression de n’avoir jamais rien lu d’aussi profondément… humain. J’attrape le volume IV de la Pléiade « Le temps retrouvé » et commence à parcourir les pages que j’avais marquées de post-its il y a quelques années.
Et voici la pépite, le cadeau incroyable, offert par la page 477 :
« Chaque personne qui nous fait souffrir peut être rattachée par nous à une divinité dont elle n’est qu’un reflet fragmentaire et le dernier degré, divinité dont la contemplation nous donne aussitôt de la joie au lieu de la peine que nous avions. Tout l’art de vivre, c’est de ne nous servir des personnes qui nous font souffrir que comme d’un degré permettant d’accéder à leur forme divine et de peupler ainsi joyeusement notre vie de divinités. »

Marie-Laurence Cattoire
Paris
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