L’esprit (ou l’être) corseté

Homme se prenant la tête

Après 27 ans d’emprisonnement et de grandes épreuves, Nelson Mandela écrit ceci dans son autobiographie Un long chemin vers la liberté : « J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher mais qu’on ne peut jamais éteindre. »

Comme l’écrit Mandela, il y a dans chaque être humain quelque chose de profondément bon, de profondément sain. Cette partie saine qu’il y a en chacun de nous est ouverte, tendre et intelligente. Cette partie saine est toute en souplesse, en nuance, elle prend en compte les situations afin d’agir de la façon la plus juste possible.

Être enserré dans un corset…

Cette partie saine est toutefois enserrée dans un corset de jugements, de préjugés, d’habitudes acquises au fil du temps pour se protéger, pour se défendre des difficultés de la vie, pour faire bonne figure, pour être aimé et apprécié. Je parle de corset car ces mécanismes auxquels nous faisons appel (elle est comme ceci, il est comme cela, c’est bon pour moi, il a tort, j’ai raison) ont pour caractéristiques d’être figés et rigides.  

On pose des étiquettes sur soi, les autres, les choses : je suis intelligent, je suis paresseux, elle est égoïste. Je suis de droite, il est de gauche. On pose des jugements assez catégoriques sur les gens et les situations : il ferait mieux de s’occuper de ses enfants, jouer un instrument de musique n’est pas pour moi, jamais il ne sera à la hauteur.

Nous avons chacun notre façon personnelle de réagir, qui est comme un automatisme : face à un conflit avec quelqu’un, je vais me trouver nul, ou je vais trouver l’autre nul, je vais me sentir exclu ou complètement légitime.

Il n’y a pas beaucoup de souplesse, pas de nuance, on met tout dans des cases.  Et on ne s’en rend même pas compte.

Agir plus naturellement

Lorsqu’on médite, on commence par faire silence. Et paradoxalement, cela nous fait voir combien nous jacassons et caquetons. Puis, petit à petit, si l’on pratique assez longtemps, on se pose, l’esprit se pose, ralentit, se détend. La pratique de la méditation insuffle de l’espace, du jeu dans ce corset rigide, elle desserre les lacets du corset. Et on peut respirer, bouger et agir un peu plus naturellement. Un peu plus en accord avec cette flamme cachée, cette bonté de l’homme, dont parle Nelson Mandela.

Anne Vignau

Saint-Gratien

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